La salade de butternut à la vinaigrette clémentine-safran
Après quelques recettes un peu longues et techniques, cette lettre vous propose une salade aux couleurs chaudes, pleine de goût et simple à réaliser.
Souvent, mes envies de safran se déclenchent quand j’ouvre un livre de cuisine tout neuf, pas parce ce que j’y croise des recettes qui contiennent cette épice, mais parce que j’associe leur odeur à celle des subtils pistils. J’ai cherché en vain des sources qui pourraient expliquer le lien entre ces deux odeurs, mais je n’ai rien trouvé de très satisfaisant, bien que l’odeur des bouquins soit un sujet en soit.
Au grès de mes recherches sur le safran par contre, j’ai découvert que la banque mondiale a essayé de se servir du pouvoir des fleurs pour essayer d’améliorer la situation économique de nombreux afghan•es durant les années 2000. L’idée était de pousser la culture de ce crocus pour diminuer celle du pavot dont on extrait l’opium. Non seulement le prix élevé du safran permettait aux afghan•es d’avoir une source de revenus significatifs, mais en plus c’est une filière où la plus part du travail est assuré par les femmes. Il semble que les actions de la banque mondiale n’aient pas eu tous les effets escomptés, et pendant que les talibans n’étaient plus au pouvoir, la culture de l’opium a nouveau grimpé dans le pays ce qui a permis des les enrichir. Reste que des femmes ont profité de ces campagnes pour établir des entreprises fleurissantes qui emploient des centaines de femmes, comme Shafiqeh Attai qui à la tête de Pashton Zarghon Saffron Women. Maintenant que les talibans ont repris le pouvoir, on peut craindre pour les emplois et les entreprises de ces femmes, espérons que Shafiqeh a raison quand elle dit que « Je ne pense pas qu'ils nous empêcheront de travailler, car nous sommes une entreprise entièrement dirigée par des femmes et employant des femmes (…) Pas un seul homme n'est assez courageux pour y mettre un terme ».
J’ai aussi appris que nous étions en pleine saison de récolte du safran, et j’ai vu les premiers agrumes apparaitre sur les étals, alors marions ces saveurs dans une heureuse salade facile à réaliser et qui vous donnera une bonne raison d’allumer votre four si le chauffage n’est pas encore en route chez vous.
Avant de vous lancer, vous noterez que cette recette emploie des endives, si vous ne les portez pas haut dans votre coeur vous pouvez utiliser une autre salade ayant du caractère comme une frisée ou de la roquette.
La recette pour une bonne salade à partager
10 min de préparation, 30 min de cuisson • végétarienne • automnale et hivernale
Ingrédients
2 endives (ou de la frisée, ou de la roquette)
Une demi-courge butternut
Une demi-cuillère à café d’épices chaï (ou de quatre-épices)
Un quart de noix de muscade rapée
Une pincée de zaatar ou d’origan
Quelques filaments de safran
Une pincée de sucre
Une clémentine et ses zestes
Un citron et ses zestes
Une cuillère à café de miel
Une cuillère à soupe de vinaigre de riz (ou de pomme)
De l’huile d’olive
Du sel
a. Préchauffez le four à 190°c. Epluchez et découpez la courge en dès de 2 à 3 centimètres. Les morceaux peuvent être irréguliers, ça fera des bouchées plus intéressantes à la dégustation !
b. Placez les morceaux dans un plat allant au four, et saupoudrez avec le mélange d’épices, le zaatar ou l’origan et de la muscade si ça ne fait pas double emploi avec le mélange d’épices que vous avez choisi. Salez l’ensemble. Enfournez à mi-hauteur pour 30 minutes, pensez à remuer les morceaux à mi-cuisson.
c. Préparez la vinaigrette. Commencez par piler quelques filaments de safran dans une pincée de sucre, si vous n’avez pas de mortier, vous pouvez le faire avec une cuillère à café dans un verre.
d. Ajoutez au safran le miel, les zestes d’agrumes, leurs jus, le vinaigre, de l’huile d’olive et un peu de sel. Goutez et rectifiez si besoin, elle doit être à la fois bien acide et avoir un peu de douceur pour équilibrer avec l’amertume des envides.
e. Lavez et découpez les endives, assemblez tous les éléments, c’est prêt !