Les pâtes au pesto de sarrasin
Après l’association blé et pomme de terre, voici le duo blé et sarrasin.
C’est bientôt Pessah (la pâques juive) et pendant 8 jours les pains, les pâtes et tous les produits qui auraient pu fermenter avec du levain et de la levure vont sortir de ma vie. Tous les ans c’est pareil, j’ai hâte d’y être pour avoir ce cahier des charges en cuisine qui permet de sortir de ses habitudes et parfois de sa zone de confort… mais j’ai peur de rentrer fatiguée un soir et de n’avoir qu’une envie : manger des pâtes à la sauce tomate au fond de mon canapé.
Le problème de Pessah, c’est que c’est une fête super sur le papier mais qui peut s’avérer épuisante à vivre, je m’explique. C’est la fête de la célébration de la liberté : au travers du récit de la sortie d’Egypte des Hébreux on prend conscience de notre chance de vivre libre et on exerce notre empathie envers celles et ceux qui n’ont pas cette joie. En modifiant notre régime alimentaire et en y apportant des contraintes on interroge aussi quelles pourraient être nos dépendances dans nos assiettes ou dans d’autres aspects de nos vies. Avant cette fête, on nettoie minutieusement sa maison pour éliminer toutes les traces de hamets (de levain), une opération intéressante qui sert souvent à faire du tri et à vous motiver à enfin exécuter certaines taches ménagères sans cesse repoussées.
Dans les faits, préparer sa maison pour Pessah, cuisiner des repas de fêtes et perturber ses habitudes alimentaires pendant une semaine, c’est beaucoup de travail domestique. Et qui dit travail domestique, dit charge mentale pour les femmes. Le sujet des tensions au sein de familles pendant Pessah fait couler beaucoup d’encre. Dans le monde orthodoxe, certains hommes ne s’étant pas beaucoup interrogés sur leur construction font des meme pour se moquer des « râleries » de leur femmes, certaines femmes s’accablent de plus belle et cherchent à contrôler leur colère plutôt que de proposer un partage plus équitable des tâches. Heureusement, toujours dans le monde orthodoxe il y a d’autres voix, comme celle de Sarah Musto qui rappelle à quel point cette charge mentale est inégalitaire et délétère pour la santé mentale des femmes, ou celles du collectif Kol-Elles (qui signifie « elles toutes ») qui proposent un autre point de vue plus libérateur et déculpabilisant sur le sens de nos traditions.
Par « chance » je suis célibataire, je n’ai pas d’enfant et j’ai un rapport très libéral à la religion. Ma charge mentale ne concerne que mes propres affaires et mon ménage de pessah se limitera à bien nettoyer mon four et peut-être refaire les joints de mon plan de travail. Je ne viderai tous les paquets de pâtes et autres produits à base de graines dans mon placard, je m’abstiendrai seulement d’en consommer pendant 8 jours. D’ici là, mangeons des spaghetti.
Quelques notes avant la recette
On utilisera ici les techniques de préparation déjà exposées dans la recette des pâtes au beurre et au miso, vous pouvez lire ou re-lire cette lettre si vous souhaitez en savoir plus !
Hasard du calendrier, il y a tout juste un an, je publiais une autre recette pleine de sarrasin et j’en profitais pour vous donner quelques informations sur cette plante, c’est à lire ou re-lire ici.
N’hésitez pas à torréfier plus de sarrasin que de nécessaire pour la recette, vous pourrez l’utiliser pour aggrémenter vos salades ou pour vous en faire des infusions !
La recette pour deux portions
30 minutes• végétarienne • toute l’année
Ingredients
250g de spaghetti (de préférence al bronzo)
50 g de sarrasin
2 gousses d’ail
30 g de pecorino
20 g de beurre
Un peu d’huile d’olive
Du gros sel
Quelques feuilles d’ail des ours ou un peu de ciboulette
a. Faites torréfier les graines de sarrasin à feu moyen pendant une dizaine de minutes. Mélangez régulièrement et retirez-les du feu quand elles sont d’une belle couleur ambrée et que vous sentez bien leur odeur se diffuser. Quand les graines ont refroidi, broyez-les au moulin ou dans un mortier. La poudre obtenue n’a pas besoin d’être très fine. Gardez une partie des graines torrifiées intacte pour le dressage des pâtes.
b. Faites bouillir de l’eau dans la sauteuse ou la poêle avec une pincée de sel. Ajoutez les spaghetti et faites cuire les pâtes une minute de moins que le temps indiqué sur le paquet. Profitez du temps de cuisson des pâtes pour râper le pecorino et émincer l’ail des ours ou la ciboulette.
c. Toujours pendant la cuisson des pâtes, faites chauffer un fond d’huile d’olive dans une petite casserole pour y faire revenir l’ail passé au presse ail ou gratté à la râpe. Quand l’ail est coloré, ajoutez le sarrasin en poudre, faites griller une minute et coupez le feu.
d. Egouttez partiellement les pâtes en conservant environ deux louches d’eau de cuisson. Remettez le récipient sur un feu doux, ajoutez le beurre, saupoudrez avec l’ail et le sarrasin et mélangez à la cuillère pendant une ou deux minutes pour créer une sauce homogène. Si l’ensemble vous semble trop épais, ajoutez de l’eau.
e. Coupez le feu, ajoutez le pecorino sur les pâtes et mélangez rapidement une dernière fois avant de servir. Dressez les pates dans vos assiettes, ajoutez quelques graines de sarrasin et les herbes fraiches, c’est prêt !