Les poivrons grillés marinés
Y’a-t-il plus merveilleux sur terre que des poivrons qui sont devenus digestes parce qu’on les a fait cuire et qu’on leur a retiré leur peau ? Je ne pense pas non.
Si vous voulez créer un appeau qui vous permet de faire venir à vous tous les membres de ma famille où qu’ils se trouvent sur le globe, il vous suffit de faire un préparer un bol de poivrons grillés marinés dans de l’huile d’olive avec de l’ail. C’est l’un des classiques de la kémia1 (qui signifie « petite quantité » en arabe) soit l’assortiment d’entrées qu’on dresse traditionnellement sur la table su shabbat chez les séfarades d’Afrique du Nord. Dans ma famille, on a un liste très précise de délicatesses qu’il convient de servir quand on se réunit : carottes cuites au cumin, carottes râpées à l’ail, grosses fèves brunes, œufs aux anchois, fenouil à l’harissa, salade d’artichauts, tchachouka (la version froide et sans œuf que d’autres nomment « la slata mechouïa ») et ces fameux poivrons grillés et marinés.
Comme la table étaient longue et les convives nombreux, ma grand-mère divisait chacune de ces entrées en plusieurs petites portions dans des petits ramequins en verre imitant de précieuses coupelles en cristal qu’elle disposait tout le long du banquet. Aujourd’hui encore, il me parait étrange qu’on ne procède pas ainsi à chaque repas. Douze entrées, un plat, peut-être même deux et au moins trois ou quatre petites gâteaux différents pour terminer le festin. Visiblement, je ne suis pas seule à vouloir normaliser ce genre de menu, d’ailleurs Keren et Jérémie, les deux associées déjà à la tête du restaurant Levantine et de la boulangerie MaMi (qui d’ailleurs fait partie d’un des parcours Salive !), viennent d’ouvrir une nouvelle adresse nommée Vendredi Soir, un restaurant où c’est shabbat tous les jours ! Je n’ai pas encore eu l’occasion d’y manger, mais il me tarde d’aller tester et d’apprécier secrètement mon repas tout en ne manquant pas de commenter que « ce n’est pas tout à fait comme ça qu’on le prépare dans ma famille ».
Avant de vous lancer dans cette recette, prenez bien soin de choisir des poivrons rouges bien lourds pour un meilleur résultat. Et si les poivrons vous font peur parce que vous avez de mal à les digérer, sachez que cette recette va vous livrer la meilleure des méthodes pour ôter facilement leur peau faciliter la cohabitation avec votre système digestif.
La recette pour un grand bocal ou plusieurs petites coupelles
1h30, temps d’attente compris, à préparer la veille • végétalienne • estivale
Ingrédients
4 poivrons rouges
3 gousses d’ail
10 petites feuilles de laurier (ou 4 grandes)
De l’huile d’olive
Du sel
a. Préchauffez votre four en mode grill à 180°c. Lavez les poivrons, ouvrez-les en deux, ôtez les pépins et les parties blanches à l’intérieur, puis placez-les peau vers le haut sur une plaque allant au fur et garnie de papier sulfurisé.
b. Faites griller les poivrons 20 à 30 minutes, jusqu’à qu’une bonne partie de la peau soit noircie et forme une cloque au dessus des poivrons. Débarrassez les dans un bol, recouvrez-le et laissez les poivrons refroidir dedans, c’est la meilleure technique à employer pour pouvoir enlever facilement leur peau !
c. Retirez la peau des gousses d’ail et coupez-les en deux ou quatre morceaux. Egouttez les poivrons, et retirez les peaux en tirant dessus avec les doigts. Déchirez-les en lanières avec vos mains en suivant le sens des fibres. Placez-les dans un bol ou un bocal en répartissant uniformément le laurier et l’ail, et pensez à saler l’ensemble.
d. Couvrez la préparation à hauteur d’huile d’olive. Laissez mariner au frais au moins 24h et vos poivrons seront prêts à être dégustés. Vous pouvez les conserver une petit semaine au frais, mais je doute qu’il restent « en vie » si longtemps !
Le meilleur moyen de les déguster, c’est de les manger sur un morceau de hallah, mais ils pourront aussi vous servir à embellir tout type de salade estivale !
Evidemment, chaque pays et ville de Maghreb a une kémia différentes, visez un peu celle de nos ami•es tunisien•nes par exemple.
Question bête de quelqu'un qui n'a jamais fait beaucoup de marinades à l'huile d'olive (aucune) : l'huile d'olive, tu la réutilises après avoir dégusté les poivrons ?
On cuisine les poivrons quasi exactement pareil dans ma famille, de l'autre côté de la Méditerranée (Perpignan) ! Sauf le laurier et parfois l'ail en moins, et c'est servi avec des anchois de Collioure et des œufs durs émiettés dessus. Et je suis d'accord, il n'existe rien de meilleur au monde.